2112 de Rush (1976) Ten Minutes Song#11

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2112 de Rush (1976) Ten Minutes Song#11

Le 7 Janvier 2020, le monde du rock progressif perd un personnage important, un batteur talentueux à la technicité vertigineuse qui aura influencé bon nombre de formation dans le rock et le métal progressif. Neil Peart est décédé en Californie à la suite d'une tumeur au cerveau. Pour lui rendre hommage, intéressons nous à l'une des chanson majeure dans la carrière du groupe canadien Rush: 2112.

   

Neil Peart a rejoint le groupe Rush en 1974 et ne le quittera plus jusqu'à sa mort, ce qui fait que ce groupe a l'un des line-up les plus solide de l'histoire du Rock. Lorsque Geddy Lee (basse, chant) et Alex Lifeson (guitare) l'engage derrière les fûts, le son du groupe va peu à peu changer. Rush commença en tant que groupe de Hard Rock dans un style très Zeppelinnien et va se changer en groupe de Rock Progressif. L'évolution commence avec l'album Fly by Night (1975), premier album avec Neil Peart et même si l'opus reste fondamentalement Hard Rock, on peut déceler une approche plus technique et où la musique sert une histoire de fantaisie ou de Science-Fiction (par exemple "By-Tor and The Snowdog"). La même année sort Caress of Steel, un album correct mais pas aussi marquant que l'album qui viendra l'année d'après 2112

    2112 ou l'album qui voit le trio jouer dans la cours des grands. Avec sa pièce-maîtresse "2112" il va mélanger deux genres à la mode dans les années 70, le hard rock et le progressif pour donner le hard progressif. Attaquons le titre éponyme avec 20 minutes et 32 au compteur (dommage qu'il ne dure pas 21:12 ça aurait été la classe!) Pour les paroles Neil Peart s'est inspiré d'une nouvelle d'Ayn Rand (femme écrivain et philosophe américaine, d'origine Russe) qui s'appelle "Anthem" (comme le premier morceau qui ouvre Fly By Night). Une nouvelle dystopique où l'individualisme n'existe plus, le pronom "je" est banni et un citoyen va payer de sa vie le fait de vouloir aimer librement. Le batteur garde le côté futuriste et sombre mais raconte une autre histoire qui est celle-ci: Nous sommes dans une société très proche de 1984 de Orwell sous le pouvoir des prêtres de Syrinx qui contrôlent chaque individu par des ordinateurs très puissants qu'ils vénèrent. C'est un monde où l'art est proscrit car si une personne est capable de penser et de créer elle pourrait s'émanciper et se rebeller. Le héros de cette histoire trouve derrière une cascade: une guitare!  Émerveillé par les harmonies et les mélodies qu'elle produit (heureusement qu'il sait en jouer... ne me demander pas comment) il va vers les prêtres pour leur présenter cet objet incroyable qui pourrait changer le monde (le naïf). Mais les prêtres sont bien au courant de l'existence de l'instrument et décide de le détruire. Le héros bouleversé par cet événement, erre dans la ville, fini par s'endormir et rêve d'un monde où l'art rendrait les Hommes libres et heureux. Et c'est la fin qui n'est pas très claire. Sombrant dans la dépression, caché derrière la cascade, imaginant tout ce qu'aurait pu apporter la musique dans ce monde, le protagoniste se donne la mort, alors que l'ordre établi semble s’effondrer, attaqué par des rebelles.

    Vous l'avez compris, les paroles sont très importantes dans cette chanson (c'est pourquoi le lien que je partage possède les paroles mais aussi des illustrations. On peut remarquer que les rebelles de fin ressemblent aux musiciens.) Neil Peart a écrit une véritable histoire de dystopie (bien qu'un peu niaise) digne d'une nouvelle de Ray Bradbury ou George Orwell. En ce qui concerne la musique, Geddy Lee et Alex Lifeson ont su magnifier le texte avec une musique terrible, épique et mélodique, à la fois douce et puissante! Le son colle parfaitement à ce qui est raconté.


    Le morceau est divisé en 7 parties (overture/Temples of Syrinx/Discovery/Presentation/Oracle:The Dream/Soliloquoy/Grand Final), reprenant les thèmes qu'on écoutera dans le morceau. Tel un opéra il y a une ouverture et Wahou! quel ouverture! Après quelques nappes de synthés (joués par l'illustrateur de l'album Hugh Syme) c'est une véritable cavalcade, un matraquage de fûts puissants et précis par Neil Peart, la voix de Geddy Lee rend le tout mystique et la guitare de Lifeson... mais quel plaisir pour les oreilles, elle sait être incisif, mélodique mais sans être démonstratif. Elle fait même un clin d’œil à l'ouverture de 1812 de Tchaïkovski. Elle passe par plusieurs formes durant le morceau, parfois acoustique, parfois électrique, avec de la distorsion, du son claire, de la wah etc. Elle sert la mise en scène comme quand le héros découvre l'instrument derrière la cascade (avec des gouttes d'eaux en fond sonore) et qu'il ne sait pas encore y jouer, il tâtonne avant de trouver un bon riff de folk. 

    Je sais que la voix de Geddy Lee est insupportable pour certaines personnes, on lui reproche d'être trop agressif et d'être suraigu mais je ne suis pas cet avis. Sa voix est aigu certes mais elle est variée et sait s'adapter aux différentes ambiances des morceaux du groupe. Elle est la voix emblématique de Rush. Dans 2112, elle joue plusieurs rôles, celle des prêtres de Syrinx (qui est agressif) et celle du héros qui est mélodique, plus douce et sensible.


    Neil Peart (qui a inventé pratiquement à lui tout seul le concept de la batterie énorme avec des dizaines de toms, deux grosses caisses et des cymbales partout) est un maître de son instrument. Il rentre des breaks rapides, nerveux. il nous fait profiter de la nuance de ses toms et sait être groovy, speed et technique. Son jeu a inspiré de futur batteurs (Mike Portnoy par exemple). 2112 est une face A exceptionnelle qui a projeté le groupe dans les grands noms du Rock Progressif. Qu'en est il de la face B? Et bien c'est là où le bas blesse...

    La face B est constitué de 5 chansons qui ne dépasse pas les 4 minutes, certaines sont oubliables mais même les bonnes n'ont pas le temps de se développer. Pour commencer par la moins bonne, il y a "Twilight Zone", elle n'est pas mauvaise mais à part son refrain qui se veut mystérieux (mais pas trop