Oui, on a de la chance, on a vu Bill Deraime sur scène. Notre chanteur maudit préféré est encore vaillant, la verve haute et le regard pétillant. Il a invité quelques amis à le rejoindre pour une soirée émouvante pour un nouveau tour de chant. C'était le 16 novembre 2018
Toujours là 40 ans de carrière plus loin, le chanteur maudit et sa Géraldine nous attendait au tournant, et on ne s’est pas senti mal. Au contraire.
Alors oui le pas est lent, les mains parfois tremblantes, la voix quelque fois brisée, mais qu’importe parce qu’on s’en fout. On s’en fout parce qu’on a plus que lui, le plus grand blues-man français -devant Paul Personne et Fred Chapellier à mon humble avis- qui nous ravi de sa voix et de ses textes depuis Mean old Blues. Et moi j’y étais au Trianon pour l’applaudir et le saluer respectueusement.
Ok, ok, plus la peine de frimer, y’a pas de malaise, on va vous raconter. Le Trianon est une salle propice à ce type d’artiste, on est proche de la scène et on peut profiter pleinement du moment. Evidemment ça a commencé avec un peu de retard, et lorsque les lumières se sont éteintes je me suis dit « qu’est-ce que tu vas faire ? », prendre des notes et des photos pour bien rapporter ce qui s’est passé et dans quel ordre, ou tu vas profiter du moment et rapporter les émotions ? Un peu entre deux eaux j’ai opté pour l’émotion, beaucoup, et les photos, un peu.
J’ai dû hériter d'un fauteuil piégé parce que je ne suis pas resté longtemps assis, car malgré ces 71 barreaux le vieux grognard du blues nous auras fait nous dandiner pendant tout le concert. Presque deux heures d’énergie positive avant de prendre la porte. Evidemment nous avons eu le droit à ses classiques comme Babylone ou le chanteur maudit. Et quand y a le tube que t’attendais tu pars direct dans les aigus à t’en décrocher la mâchoire. Toujours du bleu encore du bleu ! Mais pas que.
Bill Deraime c’est aussi des influences plus larges comme venant de la Louisiane ou des Jamaïque, ce qui nous donnera de beaux moments de Reggae ou de Rock.
Ce concert fut l’occasion de passer en revue toute sa carrière, ou presque, avec cette capacité à revisiter ses morceaux à l’aune du temps présent, comme si pour lui tout recommençait à chaque époque, à chaque moment de sa vie. Ses musiques et ses chansons ne sont pas figées dans le temps et l’espace, elle se meuvent avec lui, comme s’il nous racontait toujours la même histoire en changeant un peu la forme, les noms, les lieux, mais ni le fond ni l’émotion. C’est ça le monde de Bill.
Entouré d’un pianiste, d’un bassiste, d’un harmoniciste et d’un batteur, ainsi que de Kad Merad et Tryo, ils eurent pour mission de nous emmener quelque part ailleurs. Ce qu’ils firent, et on se laissa emporter bien volontiers. Pour notre plus grand plaisir, et tant pis pour les ahuris qui partirent avant la fin, avant le second rappel, ils durent se sentir pas bien du tout…
Bill Deraime bouge encore messieurs dames, et c’est du très bon, de l’émouvant. Notre brailleur de fond à nul autre pareil est toujours là pour nous après toutes ces années, dont on sait bien qu’elles n’auraient pas été aussi belles sans lui. A la fin, après un dernier blues, on ne s’est pas dit adieu, juste un à plus tard, pour un après demain. Vers de nouvelles musiques, vers un nouvel horizon. Et on sera là, fidèles au poste, au premier rang, en se défonçant la paume à contretemps.
Beret bas l’artiste !
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Si vous ne connaissez pas Bill, c'est le moment de changer ça.